Dyptique Ebil

Encre noire, page blanche.
Trois points s'égarent, suspension.
...
Silence.
Ensuite, se forment des sons, des mots. Une dissonance et du néant surgit une phrase.

-"Un rhum des foins, s'vous plait", prononce une voix juvénile.

Cela a commencé comme ça. Doucement, un beau jour d'automne. D'abord ce visage inconnu, intriguant, étrange. Un sourire figé sur sa bouche dépeint le portrait d'insouciance d'un jeune adolescent. Ses yeux d'un rouge minérale observent avec attention le geste préci du barman, et le liquide précieux d'une bouteille. L'ambre coule enfin. Captivante, enivrante, l'odeur de l'alcool ne tarde pas a atteindre le nez long et fin du jeune homme. Il ferme les yeux, hume l'air et se souvient :

"Et v'la t-il pas que l'temps se gate ?, marmonna un homme avant de hurler : Hé Dyp, on rentre à la piaule avant que ça flotte !!!"

Un épis dans la bouche, un sac sur le dos, il ramassa quelques fagots et les cala dans sa besace. Puis il patienta, sa faux sur l'épaule. L'âge mur, un bandeau sur la tête, il était vêtu d'une simple tunique émaillé et d'un pantalon court. Ses mains pianotait sur le manche de son outil, il sifflait un air familier. Un champ de blé s'étendait devant lui. Un mur d'un ocre végétal qui semblait s'étendre à l'infinie.
Soudain, les céréales semblèrent s'ébrouer. Et dans un froissement sec, ils recrachèrent à même le sol un jeune homme. Le garçon se releva, quelques épis de blé dans les cheveux. Il avisa rapidement l'endroit où il était tombé et apercevant son père, sourit de toute ses dents.

-"Ouaip, Pa'.

[ en travaux de rénovation ]